Ecetia va acheter pour 200 millions d’euros de certificats verts.
Le scandale de la "bulle photovoltaïque" en Wallonie provoque encore pas mal de remous. Les sommes à payer par Elia (le transporteur de l’électricité à haute tension) pour racheter les certificats verts (CV) à 65 euros garantis s’élèvent à des centaines de millions d’euros. Pourquoi ? Car la surabondance de l’offre de ces mêmes certificats verts a littéralement cassé le marché et fait s’effondrer les prix.
Problème : Elia répercute le coût du rachat obligatoire à un prix plus élevé que le marché des certificats verts sur ses tarifs. Cette augmentation pour les consommateurs s’ajoute à l’augmentation des factures des fournisseurs d’électricité (Electrabel, etc.) qui, eux, répercutent leur propre surcoût lié à l’obligation d’achat de certificats verts destinée à atteindre des quotas annuels obligatoires d’énergie verte (20 % environ actuellement).
Le poids des dérives du mécanisme repose donc complètement sur les épaules des consommateurs wallons. En conséquence, le gouvernement régional essaie de trouver désespérément une solution financière visant à alléger l’impact d’un système devenu fou…
L’idée : Ecetia, une intercommunale liégeoise dont la directrice générale n’est autre que Sylvianne Portugaels, la chef de cabinet du ministre Marcourt (PS), va devoir racheter pour 200 millions d’euros de certificats verts (au maximum) pour soulager Elia. Et, à terme donc, en tout cas c’est espéré, pour alléger les factures des consommateurs d’électricité. La somme précise doit faire l’objet d’une négociation entre le gouvernement régional, Elia et Ecetia. Mais ce que l’on sait déjà, c’est que la période de rachat s’étalera tout au long de 2014.
Les autres avaient dit non…
C’est en effet ce qui ressort du P-V de la réunion du conseil d’administration d’Ecetia, tenue mardi. Petit problème : 200 millions, ça ne se trouve pas si facilement et le risque financier pour l’intercommunale pose question. D’ailleurs, Ecetia, dans ce dossier, n’est qu’un troisième choix. En effet, le gouvernement wallon s’était initialement tourné vers d’autres autres outils financiers – la SRIW et la Sogepa – pour effectuer ce rachat. Mais, à chaque fois, la Région s’est heurtée à un refus clair et net. Trop risqué. Et, finalement, c’est Ecetia qui devra s’y coller. Mais les risques n’ont pas été gommés pour autant du dossier.
D’ailleurs, la décision n’a pas été facile à prendre par Ecetia. En termes prudents, le conseil d’administration mentionne ses craintes : "En tout état de cause, il doit s’agir d’une opération sans risque pour Ecetia, l’intégralité des capitaux et des charges de la dette devant être couverts à terme par Elia", précise le P-V du conseil d’administration d’Ecetia.
Encore quelques infos : Ecetia financera les 200 millions d’euros à payer à la place d’Elia par un emprunt de type obligataire. L’intercommunale pourra toutefois revendre ses CV pour peu que leur prix sur le marché soit égal ou supérieur au prix d’achat initial (soit les 65 euros par CV garanti par Elia).
Source: FRÉDÉRIC CHARDON Publié le jeudi 05 septembre 2013 sur LaLibre.be