À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Mis au pied du mur par la crise sanitaire, les employeurs avaient dû recourir en masse au télétravail pour leurs équipes entre 2020 et 2022, quand cela était possible. Et nombreux sont les employés qui s’y sont habitués : selon une enquête du SPF Mobilité et Transports menée en 2022, environ 40 % des salariés belges travaillent à distance au moins un jour par semaine, soit plus d’une fois et demie la part de télétravail d’avant le premier confinement. Ceci n’est pas sans conséquence : d’une part, cela signifie qu’il faut adapter sa façon de travailler et la gestion de sa vie privée, mais d’autre part, il est également nécessaire de revoir son budget énergie.
En effet, en prestant votre activité depuis votre domicile, votre consommation d’électricité et de gaz subit forcément un impact, et donc votre facture énergétique aussi. C’est d’autant plus vrai l’hiver, qui se distingue par moins de lumière extérieure et parfois par d’intenses vagues de froid.
Alors, à combien s’élève donc le surcoût ? Que pouvez-vous faire pour limiter votre consommation ? Pouvez-vous espérer des compensations de la part de votre employeur ? Wikipower s’est penché sur ces questions pour vous.
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Télétravail : entre 2 et 27 € de plus par mois en Wallonie
Vous êtes nombreux à vous demander quelle quantité d’électricité ou de gaz vous utilisez en télétravail, et surtout, quel impact cela aura sur votre facture énergétique.
Pour notre estimation, nous avons tenu compte de trois facteurs de consommation d’énergie :
- le poste de travail, soit un ordinateur portable moyen, car le SPF Mobilité note que la grande majorité du télétravail a lieu sur ce type d’appareil ;
- l’éclairage, comprenant l’utilisation de 3 ampoules LED, dont une lampe de bureau ;
- le chauffage, où l’on augmenterait de 3°C une pièce, soit 10 % de la maison.
Pour chaque jour, on peut ramener la consommation moyenne de ces trois éléments aux quantités suivantes :
- l’ordinateur portable : 0,3 kWh/jour (à raison de 4 heures sur secteur). Pour un ordinateur fixe, la consommation pour 8 heures d’utilisation serait plus proche de 2 kWh/jour (chiffres : Energuide) ;
- l’éclairage : 0,2 kWh/jour (à raison de 8 heures par jour) ;
- le chauffage : 1,5 kWh/jour (à raison de 8 heures par jour).
Nous avons ensuite multiplié ces quantités par les prix d’un contrat forward* compétitif (en mars 2023) pour obtenir le supplément causé par le télétravail. Dans son rapport, le SPF Mobilité et Transports nous apprend que la majorité des télétravailleurs prestent 1 à 2 jours par mois dans les trois régions du pays. Toutefois, la part de télétravailleurs qui prestent 3 à 4 jours à domicile, voire 5 et plus, n’est pas négligeable (respectivement 32 % et 11 % au niveau national). Ces différentes fréquences de travail à domicile sont reprises dans les tableaux ci-dessous.
| Consommation et chauffage électriques | 1 jour par semaine | 3 jours par semaine | 5 jours par semaine |
|---|---|---|---|
Wallonie | 5,34 €/mois | 16,03 €/mois | 26,71 €/mois |
Bruxelles | 4,98 €/mois | 14,93 €/mois | 24,88 €/mois |
Flandre | 4,52 €/mois | 13,56 €/mois | 22,60 €/mois |
| Consommation électrique et chauffage au gaz | 1 jour par semaine | 3 jours par semaine | 5 jours par semaine |
|---|---|---|---|
Wallonie | 2,43 €/mois | 7,30 €/mois | 12,17 €/mois |
Bruxelles | 2,31 €/mois | 6,94 €/mois | 11,56 €/mois |
Flandre | 2,17 €/mois | 6,52 €/mois | 10,87 €/mois |
Ainsi, en Wallonie, pour les télétravailleurs qui se chauffent à l’électricité, la facture pourrait accuser un surcoût de l’ordre d’environ 5,34 euros à 26,71 euros par mois, soit une augmentation de 43,6 % par rapport à mars 2022. Ce montant se situerait entre 2,43 euros et 12,17 euros par mois dans le cas d’un chauffage au gaz, soit 19,9 % d’augmentation.
Pour les Flamands, le surplus de consommation en télétravail est le moins élevé des trois régions, bien que la différence puisse sembler marginale. Les télétravailleurs au nord du pays payeraient ainsi entre 4,52 euros et 22,60 euros par mois de surplus en cas de chauffage à l’électricité, et entre 2,17 euros et 10,87 euros par mois avec un chauffage au gaz, ce qui représente respectivement 26,9 % et 13,9 % d’augmentation par rapport à mars 2022.
Enfin, si l’on habite à Bruxelles, la situation est entre les deux : de 4,98 euros à 24,88 euros par mois pour les télétravailleurs s’ils se chauffent uniquement à l’électricité, et de 2,31 euros à 11,56 euros par mois si leur chaudière fonctionne au gaz. Par rapport aux prix de mars 2022, il s’agit d’une augmentation de 47,6 %, et 22,4 % si l’on se chauffe au gaz.
>> Lire aussi : Prix de l’énergie : avec quelle énergie vaut-il mieux se chauffer ?
Attention : en fonction de votre situation personnelle, plusieurs facteurs peuvent peser dans la balance et modifier l’impact économique du télétravail sur vos factures d’énergie et votre budget en général. Citons entre autres :
- La réduction des déplacements. Si votre employeur ne rembourse pas les trajets vers et depuis votre lieu de travail, le prix de l’essence pourrait rendre plus ou moins avantageux le travail à domicile.
- Le nombre de télétravailleurs. Travailler à plusieurs au même endroit implique l’alimentation de plusieurs ordinateurs, et potentiellement l’éclairage et le chauffage de plusieurs pièces du logement.
- L’inertie de la chaleur. Étant donné que vous chauffez votre habitation durant votre journée de télétravail, vous ne devez plus la chauffer autant en soirée que vous n’auriez dû le faire après une journée au bureau.
- Le bilan énergétique de votre habitation. Selon que votre habitation est qualifiée de « passive » ou de « passoire énergétique », le télétravail n’aura pas le même impact. De plus, votre chauffage pourrait être électrique, mais s’il est combiné à des panneaux photovoltaïques, une pompe à chaleur et même une batterie, le prix à payer pourrait descendre drastiquement.
- Le niveau d’installation nécessaire. Le recours à un écran supplémentaire, à une imprimante ou à tout autre dispositif énergivore éventuel doit également être pris en compte, bien que plus de 40 % des télétravailleurs indiquent ne pas avoir d’imprimante, de clavier ou de deuxième écran à côté de leur ordinateur portable. Ainsi, nous pourrions imaginer qu’un graphiste ou un ingénieur industriel consommeraient plus à domicile que d’autres professions.
- Le tarif capacitaire. En Flandre, l’accumulation d’appareils électriques fonctionnant en même temps a également un impact sur les pics de consommations, et ainsi sur le montant du tarif capacitaire.
*Les contrats fixes ne sont pas encore redevenus la norme en mars 2023, c’est pourquoi un contrat variable forward a été utilisé. Le paramètre forward suit les prix du marché à terme où l’énergie est achetée pour être livrée dans une période future (un mois ou un trimestre par exemple). Contrairement au paramètre spot, le prix au kWh est ici connu à l’avance et est appliqué pour la période en cours. Le contrat Easy d’Engie (mars 2023) a été sélectionné, car l’offre est disponible dans les 3 régions du pays.
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Télétravail : une situation qui persiste dans le temps ?
Une ou deux dizaines d’euros supplémentaires par mois, voire moins, cela ne semble pas être une somme énorme. Mais cela s’additionne rapidement, et les petits ruisseaux font les grandes rivières.
De plus, depuis la crise sanitaire et même avant, les entreprises amorcent un changement d’habitudes. La tendance est aujourd’hui à la numérisation et à la décentralisation chez les employeurs, et les événements des dernières années n’ont fait qu’accélérer le processus. Cela signifie qu’à l’avenir, vous pourriez travailler davantage à distance.
Il est ainsi conseillé de prendre vos dispositions pour limiter votre consommation d’électricité et de chauffage dans la durée. Comment faire ?
Comment diminuer sa consommation d'énergie en télétravail ?
« Un degré de température en moins, c’est 7 % de consommation en moins. »
Quelques gestes simples peuvent vous permettre d’éviter les excès. C’est d’autant plus utile en hiver, qui est une période durant laquelle nous consommons logiquement beaucoup plus d’énergie qu’en été.
Pour le chauffage, par exemple, pensez à aérer votre habitation le matin afin d’évacuer l’accumulation d’humidité qui a pu se former. Rappelons, en effet, que la chaleur se diffuse moins bien dans un environnement humide. Pour limiter les pertes d’énergie, ouvrez donc vos fenêtres durant une quinzaine de minutes avant de vous mettre au travail.
N’ayez pas peur non plus de baisser quelque peu votre thermostat en journée (réglez-le sur 17°C par exemple). Si vous n’êtes pas tout à fait à votre aise à cette température, n’hésitez pas à vous couvrir un peu plus chaudement. Un plaid peut aussi grandement améliorer votre confort.
Ayez également le réflexe de profiter un maximum des rayons du soleil, que ce soit pour limiter l’utilisation de vos lampes ou de votre radiateur.
Enfin, faites la chasse au gaspillage d’énergie en débranchant les appareils électriques que nous n’utilisez pas. Et il peut y en avoir beaucoup : un chargeur de téléphone oublié sur la prise, un robot électrique que vous n’avez plus utilisé depuis 3 jours mais qui est resté sur secteur, votre télévision que vous ne regardez que le soir, etc.
>> Voir aussi : 50 conseils en énergie pour faire des économies
Vous voulez découvrir plus d’astuces ? Comparateur-Energie.be a consacré tout un dossier complet à ce sujet : 8 conseils pour réduire votre consommation d’énergie en télétravail.
Rendre sa maison moins énergivore, une stratégie gagnante sur le long terme
Un autre moyen efficace de limiter ses factures d’électricité et de chauffage, c’est d’investir dans quelques travaux de rénovation énergétique. Cela pourrait effectivement s’avérer rapidement très rentable pour vous. Par exemple, vous pourriez améliorer l’isolation thermique de votre habitation si celle-ci n’est pas parfaite, ou encore installer des panneaux photovoltaïques pour n’utiliser que l’électricité que vous produisez.
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Avez-vous droit à des compensations ?
Bien que le télétravail ne soit plus obligatoire comme il l’était durant la crise du coronavirus, vous pourriez donc tout de même être amené(e) à travailler un jour ou quelques jours par semaine depuis votre domicile. Si ce travail à distance est structurel et régulier, votre employeur doit mettre à votre disposition, installer et entretenir le matériel nécessaire. De plus, il doit payer les frais de communication et de connexion liés.
Dans la pratique, l’employeur peut octroyer une indemnité forfaitaire de bureau pouvant atteindre 145,81 euros par mois. Celle-ci couvre les divers frais que le télétravail entraîne pour le travailleur comme les fournitures informatiques, les fournitures de bureau, les fournitures en énergie et en eau etc.
En plus de cette première indemnité, l’employeur peut verser au travailleur une indemnité forfaitaire de 20 euros par mois couvrant l’utilisation professionnelle de l’abonnement et la connexion internet privés ; de 20 euros par mois pour l’utilisation d’un ordinateur et de périphériques privés à des fins professionnelles ; et de 10 euros par mois pour l’utilisation d’un deuxième écran ou d’une imprimante/scanner privés à des fins professionnelles sans ordinateur privé.
Conclusion
En fonction du nombre de jours en télétravail, une surcharge mensuelle de l’ordre de 2 à 23 euros (en Flandre), à 25 euros (à Bruxelles) ou à 27 euros par mois (en Wallonie) peut avoir l’air d’une somme négligeable. Et bien que votre employeur puisse vous indemniser, il n’est pas tenu de prendre ce surcoût à sa charge dans tous les cas. Mais cela n’est évidemment pas une raison suffisante pour payer trop cher cet excès de consommation d’électricité et de chauffage. De plus, avec un marché de l’énergie pas encore totalement rétabli des secousses géopolitiques, difficile de dire si ces prix relativement bas resteront la norme.
La solution ? Réduire au maximum le gaspillage d’énergie et améliorer l’efficacité énergétique de votre habitation.
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